Ragots de bureau
« Votre cote de popularité dans l’entreprise est en berne. Je m’en suis préoccupé personnellement. Je l’ai descendue en flèche. »
« Comment avez-vous fait ? »
« Ce n’est pas très compliqué. J’ai dit partout que vous étiez incompétent, fainéant, lent, inapte à la communication et au travail en équipe. C’est imparable. ».
« Mais enfin, vous savez bien que ce n’est pas vrai ! »
«Peut-être, mais ce n’est pas le plus important. Les gens croient ce que je dis de vous. Ils aiment qu’on détruise des réputations. Ils retiennent plus facilement les aspects négatifs que positifs. Comme je me suis spécialisé dans les racontars de bas-étage, je jouis d’une grande crédibilité. On m’attend avec impatience tous les jours devant la machine à café. Mes racontars et mes vacheries gratuites sont très appréciés. Les salariés sont ravis qu’on s’acharne sur les autres, ça les rassure sur leur sort. Enfin…momentanément…»
« Et si je dis moi, que je suis quelqu’un de très bien ? »
« Si ce n’est pas abusé de votre bonté, ça m’arrangerait que vous le disiez, parce que les gens qui se défendent des rumeurs qu’on colporte sur eux ne réussissent qu’à s’enferrer davantage tant ils sont pathétiques. Autrement dit, quand vous vous défendez, vous donnez encore plus l’impression d’être coupable. »