Une douce journée

Publié le par philippe

Extrait :

Vous trouvez que vous avez une vie de merde. Bon, très bien ! Nous allons imaginer ce qui pourrait être une journée heureuse pour vous. Je vois que ça vous intéresse.

Ça commence au petit déjeuner… d’habitude la journée débute mal parce que Josiane oublie toujours de racheter du café… Ce n’est pas de votre faute, avec tout le boulot que vous avez vous ne pouvez pas penser à tout.

Eh bien, non ! Aujourd’hui, non seulement, vous vous levez, attiré jusqu’à la cuisine par une bonne odeur de café chaud préparé par votre épouse aimée, mais en plus Josiane ou vos gamins sont descendus pour vous acheter des croissants. Je sais, ce n’est pas comme ça que ça se passe d’habitude…. Jérémy et Nadine attendent plutôt leur pitance, l’œil morne, avachi sur leur tasse, comme deux bovins devant leurs râteliers. S’ils s’expriment, c’est par grognements ou onomatopées.

Aujourd’hui, c’est différent ! Vos enfants ont l’œil vif. Ils vous parlent, ils vous sourient, et même… et même… par moment, vous avez l’impression qu’ils s’intéressent à ce que vous dites ! Et le comble arrive : au moment de partir, ils vous souhaitent une bonne journée !

Continuons… vous prenez le bus. Vous vous dites : pff… le bus va être bourré. Je vais être collé à une ménagère qui dégage un fumet insistant de mauvais parfum ou alors je vais être carrément assis sur les genoux d’un gamin qui passe son temps à téléphoner aux copains qu’il va rejoindre dans le prochain quart d’heure. Ou encore, je vais avoir des valises dans les tibias ou des poussettes sur les pieds.

Eh bien, non ! Toujours pas ! Nous sommes dans une journée heureuse pour vous ! Il n’y a pas trop de monde, vous pouvez vous asseoir confortablement et entrer doucement dans la réalité quotidienne de la ville… Comble d’ironie : vos voisins sourient ! Ils ont l’air heureux ! Personne ne parle de la crise ! Vous descendez du bus frais et dispos et non pas agacé et blessé comme d’ordinaire. Je sais… il y a de quoi être étonné.

Poursuivons notre journée idyllique. Vous arrivez à votre bureau bien décidé à empoigner vos dossiers. Votre chef arrive dans votre bureau. Première surprise : il frappe avant d’entrer. Deuxième moment fort : il vous félicite chaleureusement pour votre exposé de la veille. Il s’extasie même sur vos qualités oratoires. Vous êtes obligé de prendre l’air modeste.

Publié dans société

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