Comment ça va ?

Publié le par philippe

Bonjour, comment ça va ?

 Euh… je vous pose la question parce que ça se fait, mais en fait, je m’en fiche un peu.  Je pense surtout à la manière dont je vais moi, en vous la posant. C’est comme si je m’interrogeais moi-même.

Si vous pouviez me répondre : bien, et vous ? Ça m’arrangerait. Je pourrais parler de moi. Finalement, c’est ce qui m’intéresse le plus.

A vrai dire, je n’avais pas envie de vous rencontrer ce matin, mais je suis obligé de prendre de vos nouvelles alors que ça ne m’intéresse pas tellement. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de l’embarras dans lequel vous me mettez.

Et puis le pire c’est que vous n’avez sûrement pas envie de m’en donner de vos nouvelles, sachant bien que je m’en fous complètement. Je vous comprends : vous vous forcez à être sympa, alors que vous me détestez peut-être.

Bon…d’accord… Je vais encore me faire traiter de vieux cynique. Mais soyons honnêtes entre nous. D’accord, votre petite santé m’indiffère complètement. En revanche… en revanche…. Il y a un point important sur lequel je voulais attirer votre attention : je n’arrive pas à me défaire d’une laryngite chronique qui me fait atrocement souffrir. Voilà au moins une nouvelle intéressante. Triste, mais intéressante.

A partir de ce constat, je sens que vous avez envie de vous inquiéter de moi : comment vis-je cette situation ? Je vous remercie de votre question.

 Comment ? Vous avez des soucis avec vos enfants ? Mais ils sont bien peu de choses à côté des frasques de ma gamine qui s’est encore distinguée en organisant une grève au lycée. Si vous croyez que ça m’amuse d’aller me faire traiter de « père de gauchiste » dans le bureau du proviseur.

Vous voyez bien que mes problèmes sont d’une autre ampleur que les vôtres !

Ç’est pour ça que je ne m’inquiète de personne. S’il faut faire semblant de se désoler chaque fois que quelqu’un a un souci, je ne m’en sors plus. J’ai suffisamment à faire avec les miens.

Et puis, il faut avoir le sens des priorités ! Il y a des soucis qui méritent plus de compassion que d’autres. Par exemple, le décès du lapin préféré de votre fils, tout le monde s’en fiche. Vous ne devez pas polluer ma communication avec une bêtise pareille. Vous ne voulez tout de même pas qu’on se cotise pour lui acheter une couronne ? 

Donc aujourd’hui, tout bien réfléchi, je vous dis bonjour, mais j’escamote le ‘comment allez-vous ?’, pour éviter que vous profitiez de l’ouverture avec des choses sans intérêt. Si je vous tends la perche, je vais encore avoir droit au récit de votre week-end chez votre belle-mère. Ce n’est tout de même pas de ma faute si elle ne sait pas faire la cuisine ou si elle aurait rêvé de beaucoup mieux pour sa fille.

Publié dans société

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