Les punitions

Je suis désolé, mais je dois vous punir. Tout le monde. Très sévèrement.

Qu’est-ce que vous avez fait ? Je n’en sais rien, mais ce n’est pas le problème. Vous devez être puni. C’est comme ça.

Pour commencer, il faut vous serrer la ceinture parce que c’est la crise. Vous vous gobergez. Des patates à tous les repas, ça suffit !

Oui ! Je sais avant la crise, il fallait déjà se la serrer, la ceinture ! Mais c’était une mesure astucieuse du gouvernement, en prévision de la crise. A l’époque, vous deviez vous restreindre pour l’éviter, la crise !

Comment ? Le gouvernement n’a rien évité du tout. Ce n’est pas la question ! Vous deviez faire des efforts pour ne pas tomber dans la crise, maintenant que vous y êtes, il faut que vous fassiez des efforts pour en sortir.

Encore heureux que le gouvernement soit là pour vous le dire !

Par exemple, il va falloir que vous travailliez davantage sinon vous allez arriver à la retraite jeune et fringant. Ça ne va pas du tout, si vous êtes encore en forme, ce ne sera plus la retraite. La retraite, c’est quand on est au bout du rouleau. Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous financer à ne rien foutre ?

En plus, je vous défends de fumer dans les bureaux. Comment ? C’est déjà interdit ? Mince ! C’est vrai, j’avais oublié. Si on ne fait pas attention, on va finir par manquer d’interdits.

Bon…allez puisque c’est vous, je vais me contenter de vous condamner à ne pas partir en vacances : vous n’en avez plus les moyens. Ceux qui partent d’habitude à l’étranger iront sur la plage de Palavas-les-flots. Ceux qui vont à Palavas-les-flots iront chez eux. Il ne faudrait pas en profiter pour aller au cinéma ou alors abuser de distractions culturelles. Si tout le monde se met à réfléchir à la condition humaine, ça va être la chienlit permanente. Vous croyez qu’on a besoin de ça ? Et la dette qui c’est qui va y réfléchir, si tout le monde se met à penser au sens de la vie ?