Une discussion philosophique

Publié le par mesdesseins

J’ai un voisin, professeur de philosophie à la fac. Euh… je songe à déménager.

Je ne vous dis pas le niveau de ses conversations ! Même quand il me parle du temps, je ne sais pas s’il trouve qu’il fait trop chaud ou trop froid.

Hier, j’ai décidé de lui tenir tête ! Je le crois dans l’escalier et je lui lance : je sens que vous allez encore me parler.

Vous savez ce qu’il me répond? Il faut bien se parler si l’on veut échanger quelques idées entre humains. Le problème avec lui, c’est que c’est surtout lui qui échange. Moi des idées…

On descendait donc tranquillement l’escalier. Nous allions tous les deux cherché une baguette à la boulangerie. Et voilà mon prof de philo qui commence tout de go, sans précaution : avez-vous pensé que nous serons bientôt dans un monde fini ?

J’ai dû me rattraper à la rampe pour ne pas me casser la figure, puis, plein de sang-froid, j’ai répondu que c’est une question très intéressante.

Il y a une méthode pour ne pas passer pour un con devant un philosophe, c’est de lui demander de définir les termes qu’il emploie. Le temps qu’il vous donne toute une flopée de citations, vous gagnez douze minutes trente. D’abord qu’est-ce que c’est qu’un monde fini ? Hein ? Lui dis-je d’un ton convaincu.

Alors là… après les citations d’usage, il se met à disserter : le monde fini, c’est un monde ou les ressources naturelles seront épuisées, où il n’y aura plus de croissance, où on fera du sur-place, obligés que nous serons de faire avec ce qu’on a sans espérer plus. On ne produira plus, il n’y aura plus de travail.

Bon, je ne me suis pas laissé faire. Certes, je lis surtout les hebdomadaires de télé, mais j’ai de la répartie tout de même. Vous savez ce que je lui réponds en passant devant la loge de la concierge ?

Moi, je n’ai pas envie de penser à un monde fini, d’autant plus qu’il faut que je change de voiture. Vous ne croyez tout de même pas que je vais acheter la vôtre sous prétexte que le monde est fini et qu’on ne produit plus de bagnoles.

Le prof de philo a encaissé en souriant finement. De manière générale, lorsque vous dites quelque chose à un prof de philo, il sourit finement. Autrement dit, vous avez dit une connerie, mais comme il est sympa, il ne va pas vous le dire comme ça. Il va simplement essayer de relever le niveau en partant de votre misérable remarque.

Publié dans débat

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article